Faire revivre des personnes mortes avec l’intelligence artificielle, c’est éthique ?

J’ai l’impression d’être la seule à avoir été dérangée par la nouvelle émission proposée par France Télévision, l’Hôtel du Temps. Encore un exemple des dérives de l’utilisation des « deep fakes », ces images de synthèse générées par l’intelligence artificielle pour réaliser des imitations presque parfaites de personnes célèbres.

C’est effrayant de réalisme. Dalida, Jean Gabin, François Mitterrand, Lady Di… toutes ces personnes célèbres décédées sont ramenées à la vie par le deep learning et l’intelligence artificielle, pour proposer des moments de nostalgie aux téléspectateurs. Mais est-ce qu’on ne va pas trop loin cette fois-ci ? Je connaissais déjà les caricatures réalisées pour l’émission de Canteloup sur TF1, mais contrairement à ce nouveau concept, il s’agissait de caricatures, si grossières que personne ne pouvait être trompé par les imitations visuelles. La frontière restait quand-même bien présente, entre réalité et imitation.

Mais dans l’Hôtel du Temps, on retrouve Ardisson en train de parler à des personnalités plus vraies que nature. Et je ne sais plus trop quoi en penser… ça a un côté malsain, beaucoup trop réaliste. On y voit des interviews, des confidences, des anecdotes racontées par ces personnes… décédées. Mais qui leur a demandé leur avis, finalement, pour usurper leur identité ? Dalida aurait-elle aimé savoir qu’un ordinateur se balade désormais sur les chaînes de télévision pour parler à sa place ?

Je sais bien que l’IA devient tellement forte que l’on se sent maintenant obligée de l’utiliser partout. Mais dans certains domaines, il faut savoir poser des limites. C’est une question d’éthique. Une intelligence artificielle est déjà capable de rédiger des textes et de nous expliquer la vie de façon à peu près correcte, pour autant, faut-il l’utiliser pour rédiger des articles journalistiques à notre place ? Posons-nous les bonnes questions, il serait peut-être temps d’arrêter de suivre bêtement les innovations technologiques et d’encadrer les utilisations de ces nouvelles technologies. Parce qu’à ce rythme-là, on risque d’abandonner nos valeurs fondamentales un peu trop rapidement…